Presentazione al tempio
Gentile di Niccolò di Giovanni di Massio
Au cœur d’une ville, un temple polygonal s’ouvre sur une place dallée, bordée de palais et à droite d’un portique. La Vierge et saint Joseph y sont entrés pour présenter leur fils premier-né au Seigneur et y sacrifier deux jeunes colombes. Sur la droite sont placés Siméon et la prophétesse Anne qui tient un phylactère. Recevant l’Enfant dans ses bras, Siméon reconnaît en lui le Messie que le Seigneur lui avait promis de voir avant de mourir. Montrant le Sauveur de son index, Anne le désigne à «tous ceux qui attendent la délivrance de Jérusalem» (Luc, II, 38). Au fond de l’édifice, la foule se presse. Sur la place, à gauche, deux dames élégamment vêtues à la mode du XVe siècle observent la scène de l’extérieur, tandis qu’à droite, deux vieux mendiants demandent la charité.
À cette époque, l’architecte Brunelleschi (1377-1446) a déjà livré sa première vue en perspective - aujourd’hui perdue - de la place du Baptistère. Bien que Gentile ne respecte pas ici la logique de la perspective, l’urbanisme de la Présentation au Temple, avec au centre son édifice polygonal, fut souvent considéré comme l’un des plus anciens échos, en peinture, de l’expérience de Brunelleschi. Sur la droite du tableau, le portique fut perçu comme l’évocation du Portique des Innocents du même Brunelleschi, commencé depuis 1419 et encore en cours de construction. Si Gentile a pu être attentif aux recherches du grand architecte florentin, ses inclinations le rapprochaient plutôt de l’art du sculpteur et orfèvre, Ghiberti (1378-1455), qui achevait alors la porte nord du Baptistère et avec lequel il partageait une certaine poétique faite d’élégance linéaire.